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Jamais trop tard pour l’enquête

Par 19 mai 2022juin 26th, 2022Actualités

L’AJIQ braque les projecteurs sur ses membres. Premier portrait de cette série : Samuel Harper, qui a troqué avec succès le stéthoscope pour le clavier.

Samuel Harper fait partie de ces rares pigistes qui osent se frotter à l’enquête, un genre journalistique à haut niveau de difficulté. C’est lui qui est derrière les révélations sur les conditions de travail au sein du tout nouveau Club Med Charlevoix, publiées en janvier dernier par Pivot. Le titre de cet article, qui a fait pas mal de bruit? Au Club Med de Charlevoix, on ne compte pas ses heures (on ne les paie pas toutes non plus).

Le membre associé de l’AJIQ a depuis poursuivi son enquête sur les pratiques douteuses de la multinationale du tout-inclus, aussi bien dans Charlevoix qu’ailleurs sur la planète. « L’idée de faire bouger les choses est ce qui me motive le plus dans ce type de travail », raconte celui qui, dans les faits, porte deux chapeaux. « Pivot me rémunère quelques heures par semaine pour que je fasse de l’investigation. Le reste du temps, je pige ici et là. »

Samuel Harper | Courtoisie

Médecin défroqué

Loin d’être unique chez les journalistes indépendants, cette dualité permet à Sam – pour les intimes – de toucher à plusieurs sujets qui le passionnent, comme la cybersécurité, les inégalités sociales et la protection de la vie privée. Surtout, elle rend possibles une flexibilité d’horaire et une liberté à nul autre pareil pour ce médecin de famille devenu journaliste sur le tard, à l’issue d’une crise de la quarantaine qu’on devine mouvementée.

« Il m’a fallu dix ans de pratique pour me rendre compte que je n’aime pas ça. J’ai donc opéré un changement majeur dans ma vie, en commençant par quitter Montréal », se souvient-il. Direction : le Kamouraska, dans la région du Bas-Saint-Laurent, où il habite encore aujourd’hui. Là-bas, il complète un DEC en techniques de l’informatique au Cégep de Rivière-du-Loup. Puis, de fil en aiguille, il réalise ses premiers mandats à la pige, notamment auprès de l’Agence QMI et d’Urbania.

Avec le recul, le principal intéressé établit plusieurs parallèles entre le journalisme d’enquête et son ancienne vocation. Après tout, ce « beat » journalistique n’exige-t-il pas une extrême rigueur intellectuelle semblable à celle requise pour poser des diagnostics? « À titre de médecin, j’ai travaillé auprès de populations vulnérables. Je devais petit à petit gagner leur confiance, comme je le fais aujourd’hui avec mes sources », constate-t-il.

Cela lui réussit manifestement, affirme le journaliste émérite André Noël, qui a collaboré à l’enquête sur le Club Med Charlevoix. « C’est quelqu’un de patient qui ne plie pas facilement face à l’adversité. Il sait distinguer l’important du superficiel, une compétence essentielle pour mettre au grand jour une information d’intérêt public tenue jusque-là cachée », indique celui qui a réalisé de nombreuses enquêtes lors de sa carrière, notamment à La Presse.

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